Tout comme Rome, le système éducatif italien ne s’est pas fait en un jour. Parallèlement aux évolutions sociales et politiques du pays, l’école italienne a constamment évolué au cours des décennies, allant de réformes en réformes sans jamais réussir à se réformer totalement. Dans un pays fortement catholique, l’école privé reste majoritairement décriée laissant place à une école publique omniprésente mais critiquée.
I. Le système éducatif au fil des lois
1859 : Loi du Piémont
Dans une Italie en plein conflit de territoire avec l’Autriche, la loi du Piémont invoque pour la première fois les principes d’obligation et de gratuité de l’enseignement pour le premier cycle élémentaire de quatre ans. Il faudra toutefois attendre 1911, pour que l’application de ces principes, sous la responsabilité des communes, soit véritablement réalisée.
1923 : Loi de 1923
Au sein d’une Italie marquée par l’avènement du fascisme, la loi de 1923 réorganise en profondeur le système scolaire italien de la manière suivante : une école élémentaire de cinq ans ; une école secondaire organisée en filières d’une durée de cinq ans (le Gymnase lycée, le scientifique, l’institut technique) et une filière d’une durée de trois ans, le lycée d’éducation féminine.
Le mouvement fasciste a par la suite utilisé les différentes entités scolaires comme outil de sa propagande. L’école primaire était alors présentée comme une instance d’éducation morale alors que le lycée était destiné à la formation des élites grâce à une instruction littéraire et juridique. Enfin les instituts techniques avaient pour mission, la formation des travailleurs manuels.
1929 : Concordat entre l’Eglise et l’Etat fasciste
La signature de ce Concordat marqua le retour de l’enseignement de la religion catholique au sein des programmes scolaires. Supprimé des programmes depuis 1877, l’enseignement de la religion catholique serait désormais obligatoire pour tous les élèves.
1974 :
L’Italie, désormais communiste, ouvre la gestion des établissements scolaires aux associations de parents d’élèves, aux syndicats et aux représentants des autorités locales.
La possibilité d’organiser des activités expérimentales à propos des contenus, méthodes pédagogiques et sur la structure des établissements est également promulguée. Ces activités doivent néanmoins avoir lieu sous la supervision du ministère.
1977 – 1979 :
Le gouvernement italien change les programmes du collège en supprimant l’obligation de l’enseignement du latin, mettant à jour les contenus des programmes et faisant évoluer l’évaluation qui passe de notes chiffrées à des appréciations sur les savoirs et savoir – être de l’enfant.
L’intégration des enfants handicapés dans les établissements scolaires est alors actée.
1997 :
Le gouvernement instaure une importante autonomie de gestion pour les établissements scolaires pilotée par le directeur, désormais appelé dirigente.
2001 :
Dans un souci d’harmonisation entre l’école publique et l’école privée, le gouvernement italien augmente l’autonomie de l’école en donnant plus de pouvoir au dirigente concernant la gestion financière, le recrutement du personnel et l’évaluation.
Dans cette optique, le ministère de l’Instruction publique devient le ministère de l’Instruction.
II. L’organisation du système scolaire italien
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L’école maternelle
L’école maternelle est gratuite et accueille les enfants entre 3 et 6 ans. Elle n’est pas obligatoire mais est considérée comme faisant partie du cursus scolaire. Les enseignants sont payés par l’Etat alors que les bâtiments, l’entretien et les personnels sont à la charge des communes. Les classes sont prises en charge par deux enseignants qui accueillent entre 14 et 28 élèves.
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L’école primaire
L’école primaire est gratuite et accueille les enfants entre 6 et 11 ans. Elle est obligatoire, publique ou privée reconnue par l’Etat, écoles dites « paritaire ».
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L’enseignement secondaire – 1er cycle
Le collège représente le premier cycle de l’enseignement secondaire et accueille les enfants entre 11 et 14 ans.
« Les programmes d’enseignement sont définis à travers des « programmes – cadres nationaux pour des plans d’études personnalisés dans le premier cycle de l’enseignement secondaire » (« Indicazioni nazionali per i piani di studio personalizzati nelle scuola secondaria di primo grado ») de 2004 et dans les directives concernant le curriculum (« Indicazioni per il curricolo ») de 2007. » (Source wikipedia)
Le collège enseigne des matières tels que l’italien, l’anglais, les mathématiques ou l’Histoire – Géographie et sanctionne les connaissances de fin de premier cycle par un examen délivrant en cas de réussite un certificat de fin d’études, le Diploma di licenza conclusiva del primo ciclo di instruzione.
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L’enseignement secondaire – 2e cycle
Le lycée représente le second cycle de l’enseignement secondaire et accueille les adolescents entre 14 et 19 ans. Il se divise en nombreuses filières tels que le lycée, les instituts techniques et les instituts professionnels d’une durée de cinq ans.
Les deux premières années sont obligatoires, et cela qu’importe la filière choisie. Durant ces deux années, quatre grands domaines de savoirs et de compétences sont abordés et doivent être acquis. Il s’agit des langues, des mathématiques, des sciences et technologies et du « social – historique ».
Un examen d’Etat est passé par tous les élèves à la fin du cycle.
III. Une école qui peine à se réformer
Plusieurs critiques sont formées à propos du système scolaire italien. Nous allons tenter de les résumer brièvement dans cet article.
D’une part, la démocratisation de l’enseignement opérée à la fin de la seconde guerre mondiale instaurant les principes de la gratuité et de l’obligation scolaire devra attendre plusieurs décennies avant d’être complètement appliquée. Cette difficulté d’application peut s’expliquer en grande partie par l’instabilité politique qu’a connu le pays durant cette période. Comme exemple frappant, 49 ministres de l’Instruction se sont succédés entre 1946 et 1989.
D’autre part, le changement d’organisation de l’école élémentaire est vivement critiqué depuis quelques années par les associations de parents d’élèves et les enseignants.
En effet, l’école élémentaire était organisée depuis 1990 en modules de deux classes où l’enseignement était confié à trois enseignants permettant la spécialisation de ces derniers. Depuis 2004, un changement d’organisation a été opéré malgré les nombreuses oppositions. Désormais, un enseignant, dit tutor, s’occupe d’une classe sur une durée hebdomadaire comprise entre 18 et 20h et est assisté par d’autres enseignants circulant entre plusieurs classes.
Cette diminution du nombre d’enseignants par classe fait débat depuis plusieurs années après sa mise en application et est remise en question pas ses détracteurs.
Enfin, la plus importante critique faite à l’encontre du système scolaire italien repose sur le projet de diminution du volume horaire annuel. En effet, la diminution annuelle et par conséquent l’augmentation quotidienne du nombre d’heures, concentre la plus grande majorité de critiques formulées de la part des familles.
Dans les années 1970, l’émancipation des femmes sur le marché du travail a provoqué la difficulté pour les familles de s’occuper des enfants les après – midis. L’école proposait jusqu’alors une prise en charge des enfants uniquement le matin. Devant ces difficultés, le gouvernement a décidé d’allonger la journée de cours en laissant à l’école, la charge des enfants l’après – midi.
Cependant, les faibles ressources allouées à l’école par l’Etat n’ont pas permis la mise en place d’innovations pédagogiques efficaces permettant d’adapter la présence d’élèves en deuxième partie de journée.
Le débat se transforme souvent en une confrontation entre deux idéologies : d’une part la défense de la scolarisation publique, d’autre part, la défense de l’éducation familiale par les mouvements intégristes catholiques. Les contraintes budgétaires donnent finalement raison à ces derniers.
Extrait de « Le système éducatif italien », Teresa Longo, Revue internationale d’éducation de Sèvres [En ligne], 38 avril 2005.